Solo Show of Mario Picardo with text critic by Marie Maertens
Au cœur de ce débat sur la peinture, longtemps boudée en France même si cela n’a plus court, émerge un nouveau « courant » doté d’une touche très vive, dynamique, quelque peu narrative, mais avec la sonorité d’une punch line ! Mario Picardo fait partie de ces artistes qui revendiquent l’environnement urbain comme source de création, faisant lire l’œuvre dans une continuité du Pop américain, tout en s’inscrivant dans une réelle tradition française. Il y a une dimension d’éclat dans les œuvres de Mario Picardo : éclats des couleurs, éclats des formes et presque éclats des rires, tant elles engendrent une sorte de joyeuse liberté. Peut-être parce qu’elles évoquent, dans un inconscient historique, des formes généreuses à la Claes Oldenbourg ou la mise en exergue d’icônes contemporaines qu’avait insufflé Andy Warhol avec faste. Pour Mario Picardo, tout se révèle source à images : photographies de téléphone, récoltes d’objets, comics vintage, paquets de bonbons ou jeux à gratter... L’univers du football a servi de « prise d’informations » pour cette nouvelle exposition, dotée d’une quinzaine de tableaux, autant de dessins et de quelques sculptures. Certaines toiles vont jusqu’à 2 mètres 50 de large, pour englober leur spectateur, développant parfois une facture abstraite, dans laquelle la matière et les tons très vifs arrêtent le regard, quand d’autres sont plus figuratives et plongent au cœur de l’action. « J’ai grandi à côté d’un stade qui était le centre de vie du quartier et a bercé mon enfance, précise l’artiste. Aujourd’hui, l’important est de peindre pour étirer au maximum le sujet, qui peut alors s’effacer, mais que l’on devine quand on voit l’ensemble des œuvres présentées. Je cherche toujours à créer ce va-et-vient avec le spectateur, pour qui, si l’on prend l’exemple du football, renverra à des images de matchs regardés collectivement entre amis ou dans le salon familial ou encore au souvenir des cartes Panini... Chacun en nourrit son interprétation. » Puis Mario Picardo glissera, qu’à l’approche de la coupe du monde au Qatar et de la polémique qui l’accompagne, son geste peut également être lu dans une dimension plus politique. Ce qui n’est pas étonnant quand l’on apprend qu’au-delà de sa « sainte trinité », composée de Philip Guston, Peter Saul et Michel Marejus, découverts quand il était aux Beaux-Arts de Paris, la figuration narrative a « révolutionné sa pratique ». Il citera alors Bernard Rancillac, qui avait par ailleurs développé le thème du football - par un engagement fort - au sein d’un témoignage global et direct de la société contemporaine. Mario Picardo réalise, quant à lui, cette observation de notre quotidien de manière lente, proche de l’artisanat, ou beaucoup plus dynamique. Après sa récolte d’images, l’artiste peut ainsi dessiner jusqu’à deux-cent feuilles, avant d’en faire une sélection rigoureuse, dont certaines seront comme des fonds pour les futures toiles.« Je travaille par différentes couches, comme des mises en abîme du propos et de la narration, conclut-il. J’extrude également des formes de mes peintures pour mes sculptures... volumes qui vont m’inspirer pour de nouveaux dessins... qui auront une influence sur les peintures en cours... ». Toujours par cycle, les toiles sont élaborées de concert, dans ce qui doit ressembler à un vif ballet et un storyboard toujours en action, jusqu’au cut final ! Marie Maertens