Amore Infinito

Sarah Valente Amore Infinito ​ « Est-ce que la vie est une histoire d'amour entre la Terre et le Ciel ? » ​ Au départ était le conte. Un conte merveilleux, dans la tradition des récits ancestraux universels qui traversent les civilisations. Pour sa première exposition personnelle, Sarah Valente s'est attelée à un voyage intérieur qui débute par l'écriture. Le conte est pour elle une histoire où l'allégorie sert à l'enseignement des principes fondateurs de la vie. C'est pourquoi elle place toujours le récit à la genèse de son processus créatif. ​ Il était une fois Amore Infinito, l'odyssée du Voyageur du ciel et de la Chevalière des eaux, qui par la grâce de leur amour sauvent la terre de la désolation. De son imagination est née une épopée fantastique, où elle a su distiller les fondements de son art et de son engagement. La science d'abord, car le point de départ de cette histoire est la théorie selon laquelle la vie sur terre aurait été fécondée par des météorites venus du ciel. La pédagogie, ensuite. Solemar, le voyageur du ciel, est guidé par le serpent Harragua, symbole millénaire du savoir et de la sagesse. La poésie et la magie, enfin, puisque pour réanimer cette terre dévastée par les hommes, Solemar et Nereïa, la chevalière des eaux, vont réveiller par enchantement les 6 royaumes du vivant : bactéries, archées, protistes, champignons, végétaux, animaux... À ces six règnes de la biodiversité, Sarah Valente ajoute un royaume oublié, celui de l'amour, la clé qui tient tout l'édifice. Amore Infinito, ou l'amour dans toutes ses dimensions, de l'infiniment grand du cosmos à l'infiniment petit de toute forme de vie. ____ « C’est une chose étrange à la fin que le monde » Louis Aragon ​ L'humanité a trop longtemps accusé le serpent, héros du péché originel, d'avoir précipité́ sa chute. Et si cette accusation n'était qu'une illusion et que l’Homme forgeait sa propre ruine ? Pourquoi effaçons-nous les dons célestes offerts à notre monde ? Où sont donc passés nos rêves ? Avons- nous encore le droit de nous émerveiller ? Ce sont là des questions brûlantes auxquelles les trois protagonistes du conte Amore Infinito, écrit et illustré par l’artiste Sarah Valente, tentent de répondre. ​ À travers une exposition imprégnée de magie et de mystère, Sarah Valente prête son art, sa plume, son pinceau et son âme créatrice pour donner vie à une danse lumineuse tourbillonnante de questionnements. L'épée, symbole de protection et de puissance, s'érige en œuvre maîtresse de ce parcours initiatique, et son éclat invite chaque visiteur à pénétrer dans l'ombre de ses propres interrogations. L'exposition tisse, avec finesse, le fil d'une reconquête sacrée : celle de notre lien intime avec la terre, notre matrice primordiale, et de notre capacité à aimer et protéger ce royaume terrestre. Les œuvres, empreintes de tendresse et de poésie, esquissent une invitation délicate à une prise de conscience, une incitation à veiller sur cette planète, sanctuaire riche et fragile. ​ En utilisant des techniques et des matériaux ancestraux tels que l'art du feu, la céramique, le bronze, le verre et le dessin, Sarah Valente donne naissance à des créatures fantastiques et intrigantes, aux formes organiques et empreintes de couleurs saisissantes. Chaque œuvre semble animée d'une énergie intérieure. Certaines d'entre elles révèlent un éclat de phosphorescence surgissant subtilement dans la pénombre et amplifiant leur aura mystérieuse. Ce scintillement rappelle les jeux de lumière dans la nature, comme les lucioles ou les minéraux éclairés par un rayon de lune, insufflant aux sculptures un souffle presque surnaturel. Le spectateur explore ainsi une esthétique où l'ancestrale rencontre le moderne. Les matières, parfois brutes et rugueuses, se mêlent aux couleurs vibrantes, créant un univers où chaque sculpture devient un monde à part entière, une entité ​ prête à captiver, surprendre et émerveiller. ​ Ces œuvres, oscillant entre réalité́ et imaginaire, invitent notre esprit à plonger dans une dimension onirique où l'art devient source de conte. Comme dans l'allégorie de la caverne de Platon, où Socrate évoque la difficulté de quitter l'obscurité pour atteindre la lumière, Sarah Valente guide nos regards et nos cœurs, nous offrant une traversée poétique vers l'élévation de l'âme. Elle interroge le visiteur, elle le questionne, et chaque œuvre devient une voix murmurant dans un dialogue profond pour nous rappeler que notre monde est un jardin qui nous appartient de cultiver et de protéger. Ses pièces, denses en symboles et en émotions, nous appellent à retrouver en nous l'amour pour notre planète. ​ Texte : Chloë Collin